'avais fini ma journée. Après huit bonnes heures de travail, j'étais désormais libre d'aller où je voulais, de faire ce que je voulais et de dire ce que je voulais. Être médecin, n'est pas une mince affaire tous les jours, au contraire. J'ai vu une multitude de problèmes aujourd'hui, comme madame Parker, qui avait un problème au niveau des orteils, du moins, c'est ce qu'elle disait. Elle avait remarqué qu'elle avait un plus gros doigt que les autres. Elle se demandait si elle mangeait trop, ou au contraire, qu'elle ne mangeait pas assez pour nourrir les autres petits doigts … J'ai dû l'expliquer à tort et à travers qu'on a tous un petit doigt plus gros que les autres, c'est naturel et ça ne changera jamais …

Mais ce n'est pas le seul cas que j'ai eu à confronter le long de cette journée, en effet, madame dont je ne saurais pas dire son nom russe, s'est plainte qu'elle avait vu une grosse bête aux grosses canines, et aux yeux irrités s'attaquer à un chien errant dans la rue hier soir. Elle se demandait alors si elle avait des problèmes mentaux, ou tout simplement visuels. Je ne savais pas s'il s'agissait d'un vampire, ou d'une simple bête qui aime la viande de chien, je me vois donc dans l'obligation d'enlever ce souvenir de sa pensée. Sans quitter mon regard du sien, je lui fais part de quelques mots, tout en faisant attention à ne pas mal prononcer un quelque mot.

« Madame, vous n'avez rien vu ce soir-là. Vous êtes rentrée chez vous, vous avez regardé Titanic. Vous avez pleuré, et vous vous êtes couchée. »

Et oui, être médecin n'est pas un boulot facile tous les jours. Et il s'est avéré que c'était un jour plus difficile que les autres. Cependant, des patients réellement malades me consultent chaque jour, et c'est le cas de ce jeune homme. C'est alors que je rassemble mes affaires pour m'apprêter à quitter mon lieu de travail, je vis un homme, en face de ma cabine, demandant à me voir.

« Euh, oui, qui êtes-vous ? Il me semblait que j'avais déjà finit mes consultations ... Je vous en prie, entrez et asseyez-vous, et expliquez moi votre problème. »

l se présentait sous le nom de Sebastian. Il avait des problèmes du cœur, et il énonce un besoin de médicaments et une auscultation pour voir si tout va correctement. Il semblait anxieux, et peu détendu. Il gigotait ses doigts un peu partout. Il était sûrement stressé. Je me sers alors de mon ouïe pour constater son rythme cardiaque. Les battements de son cœur semblaient irréguliers. C'est alors que je tourne les talons, renfilant ma chemise blanche. Je saisis les clefs du cabinet, avant d'ouvrir la porte. Je l'invite alors à entrer et à s'asseoir. Je dépose mes affaires sur une chaise non loin de la tienne, avant de poser une feuille et un stylo sur son bureau.

« Bonjour Sebastian. Pourrais-tu me donner ton nom de famille, s'il te plaît ? »

D'une écriture illisible par la flemme qui venait d'envahir mon esprit, j'écris alors le prénom ainsi que le nom de famille du patient au coin gauche de la feuille. J'attendais le diagnostic de son problème, mais rien ne venait, je dus alors lui demander de ma propre volonté. « Alors, quel est ton problème, mon garçon ? » J'observais son regard. Il n'était réellement pas détendu. J'écoute alors le diagnostic du dernier médecin qu'il avait consulté, avant de faire mon propre diagnostic. « Enlève ton haut et allonges-toi, je m'occupe de ton cas dans deux minutes. » Je respire un bon coup, avant de me lever de la chaise. Malgré ce qu'on pourrait dire, être un médecin, avec ma condition, est une tâche très complexe. La soif de sang est toujours présente, même lorsque le corps n'en demande pas. Le contrôle de soi est le seul moyen aujourd'hui trouvé, pour y résister.

Je m'approche de Sebastian, avant de coller le stéthoscope dans mes oreilles. Cet engin ne me servait à rien d'autre qu'à ressembler à un médecin comme les autres. Mon ouïe était assez développée pour écouter de mes propres oreilles les battements de son organisme. Les pulsions revenaient. Je sentais mes veines s'irriter au niveau de l’œil. Je tourne mon visage vers la fenêtre, grattant l’œil, comme si une poussière s'était glissée entre mes paupières, jusqu'à que mes envies se calment. Je tourne les talons, me dirigeant ainsi vers le bureau, où j'énonçais à haute voix, ce que j'écrivais sur le papier.

« Irrégularité cardiaque. Votre cœur ne bat pas régulièrement. Je vais renouveler votre recette, vous pourrez ainsi récupérer les médicaments à la pharmacie. La prochaine fois, faîtes attention à ne pas utiliser vos médicaments si rapidement, ça peut causer quelques problèmes de santé. »

J'espère juste qu'il n'a pas vu mes yeux s'irriter.